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LA FLANDRE
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FLANDRE
DES MONUMENTS D'HISTOIRE ET D'ANTIQUITÉS
PUBLIÉE PAR
UN COMITÉ D'ARCHIVISTES ET DE GENS DE LETTRES
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ANNÉE 1872-73
BRUGES Typo-Lithographie mécanique de DAVELUY M. D. CCC. LXXII.
DOCUMENTS
CONCERNANT
LE SIÈGE DE BRUGES EN 1490
Nous savons qu'après la sanglante lutte des Brugeois contre Maximilien, « les désastres d'une longue guerre, les nécessités de la famine, l'espérance de voir le com- merce se relever, le péril même qui résultait de l'abandon de la France! », amenèrent la conclusion du traité de Plessis-lez-Tours du 30 octobre 1489.
Le duc d'Autriche fut réintégré comme Mainbourg de Flandre et les magistrats des villes de Gand, Bruges ct Ypres allèrent, la rage dans le cœur, lui demander pardon des offenses commises contre lui.
Entre autres dures conditions, le traité imposait à la Flandre le paiement d’une contribution ou plutôt d'une amende de 500,000 livres tournois, moyennant quoi, Maximilien devait congédier immédiatement ses soldats allemands.
1 Bon KERVYN DE LETTENHOVE. Histoire de Flandre. Chapitre XVI, tome 5, p. 471.
(5
L'exécution de cette dermière clause ralluma les haines et les luttes.
« Le duc de Saxe n'avait obtenu l'adhésion des Yprois à l'amende imposée par le traité de Tours qu’en leur persuadant que les Brugeois l'avaient subie; mais il ne parvint point à faire accepter aux habitants de Bruges l'exemple des habitants d'Ypres. Le commerce ne se ranimait point dans les bassins de la Reye, les Brugeois, mécontents, chassèrent successivement deux écoutètes; enfin ils déclarèrent qu'ils n'obéiraient qu'aux décisions qui seraient prises dans l'assemblée générale des mandataires des pays de Flandre, de Brabant, . de Hainaut, de Hollande et de Zélande, et envoyèrent des députés à l'Écluse réclamer l'appui de Philippe de Clèves* ».
Cependant, bientôt Bruges resta seule; Gand ayant imité Ypres dans sa soumission et Philippe de Clèves, battu à Dordrecht, n'ayant pu répondre à l'appel des Brugeois.
Le duc de Nassau, dans ses lettres, menacait Îla commune de Bruges de l'extermination, du pillage et de l'incendie, si elle ne se soumettait sans retard. En attendant, il intercepta les communications de la ville avec le dehors, pendant que des aventuriers allemands, anglais et espagnols dévastaient tout le pays.
La noble et antique cité était aux abois, « in zulcker wis, dit Despars, dat tvolck mencanderen voor die backers winckels doot droomde, andere ghinghen sla- pene zonder etene, ende die kijnderen liepen alle die
? KERVYN DE LETTENHOVE. Loc. cit. p. 473.
+ =. = —
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stede duere al weenende ende crijsschende achter strate van honghere, twelcke certeyn wel een compasselicke ende zeer deerlicke zake om ziene was : niet en wasser goecoop van al tghuene dat men te monde waert steect ofte andersints niet omtberen en mach®. » Le chapitre de Saint-Donatien avait caché ses trésors, la situation était terrible et sans espoir de secours; cependant les héroïques bourgeois ne se rendaient point et Nassau, dans ce moment-là, n'avait pas de troupes en quan- tité suffisante pour faire un assaut, la ville n'était pas même investie complètement.
Sur ces entrefaites, Rolland le Fèvre, receveur gé- néral de Flandre, partisan acharné du roi des Romains, — celui-là même que le peuple dans sa colère avait fait arrêter naguères au Cranenburg avec les fidèles de Maximilien — écrivit à Jean Carondelet, chancelier de Bourgogne, pour l'instruire de ce qui se passait dans la ville et lui indiquer le moyen de la réduire à merci. Les missives de le Fèvre, évidemment inspi- rées par Nassau, portèrent Carondelet à faire une dé- marche auprès du duc de Saxe, landgrave de Thuringue, lieutenant-général. Il communiqua son projet à J. de Lannoy, abbé de Saint-Bertin et aux autres membres du conseil de Malines. Le 29 août 1490, le duc Albert qui élait alors à Schoonhoven, reçut la lettre suivante :
8 NICOLAS DESPARS. — Cronycke van den lande ende graefscepe van Vlaenderen. 4e partie, p. #10.
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À très-hault et puissant prince, nostre très-grant et redoubté seigneur Mons'. le duc de Saxe, heutenant-général du Roy et de Mons'. en leurs pays de pardecà.
Très-hault et puissant prince, nostre très-grant et redoubté seigneur, nous nous recommandons très-hum- blement à votre bonne grâce à laquelle plaise savoir que nous vous envoions cy-encloses unes lettres que receûmes hier de Rolland le Fèvre, receveur-général de Flandres, avec la copie d'autres deux lettres, par lesquelles, se c'est votre bon plaisir, pourrez assez cognoistre et entendre la disposicion des affaires, tant de ceulx de Bruges comme d'autres à l'environ. Et pour ce, très-hault et puissant prince, nostre très-grant et redoubté seigneur, que, se vous et monseisneur de Nassou poviez tirer à tout les gens de guerre qui ont esté au siège de Montfort jusques au Dam ou ailleurs auprez de Bruges, et que les gens d'armes estans à l'entour dudit Bruges se joindissent avec vous pour som- mer ceulx dudit Bruges à eulx remectre en l'obéis- sance du Roy et de Mons’. et entretenir le traictie de Tours, il semble que Iles dis de Bruges de légier se condescendroient et que quelque bon fruit s'en pourroit ensuyr, comme le pourrez assez appercevoir par lesdites lettres. Sy vous prions y vouloir panser et pour le bien du Roy, de mondit S', leurs pays et subgetz, en faire ainsi que adviserez pour le mieulx. Très-hault et puissant prince, nostre très-grant et redoubté scigneur, nous prions le benoit filz de Dieu que, par sa grâce,
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il vous doint bonne vie et longhe avec l'entier accom- plissement de voz bons désirs. Escript à Malines, le XXIX° jour d'aoust HIP*X.
Mons", se vous poviez practiquier que ceulx de Hollande continuassent le paiement des gens d'armes qui ont coté devant Montfort, ou de la pluspart d'eulx, pour ung mois, ou du moins quinze jours, les affaires sen portroient de mieulx. Sy vous plaise y faire le mieulx. Escript comme dessus.
Voz très-humbles serviteurs. J. Carondelet, chancel- lier, J. de Lannoy, abbé de Saint-Bertin, et les autres gens du Conseil du Roy et de Mons’.
Signé : Muma.
Le duc qui n'était pas au mieux avec le bâtard de Nassau, accucillit assez froidement cette missive et refusa d'aller à Bruges pour aider au siége de la ville. Il répondit par la lettre suivante‘ :
À nostre très chier et grant amy le seigneur de Champvaus et de Sorre, cheva- lier, chancelier et à noz très chiers et bons amys les gens du Conseil et des finances de Mons’. le Roy et de nostre très chier et très amé Cousin l'Archiduc, son filz.
Aelbrecht, duc de Zassen,
Licutenant générael. Très chier et grant amy et très chiers et bons amys, nous avons receues vos lettres, ensemble les coppies
Ces deux letires conservées aux archives du Nord, nous ont été com- Muniquées par notre regretté collègue et ami feu M. Desplanque.
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des lettres à vous envoyées par Rolant Le Fèvre, receveur généracl de Flandres, lesquelles vos lettres el copies avons bien et au long visitées, consultées, exa- minées ct par icclles entendues la disposicion des affaires de Bruges et d’aillieurs à l'environ, ausquelz de nostre part désirons pourveoir au bien de Mons. le Roy, nostre Cousin l'archiduc, leurs pays et subgetz, si avant et en tant que en nous; mais, pour ce que de présent ne nous est possible y entendre et que estes assamblez, nous vous réquérons et néantmoins ordonnons que, sur le contenu desdites lettres et copies que nous renvoyons cy-encloses, vous mettez de vostre costé au bien d'iceulx Mons'. le Roy, nostre Cousin l’archiduc, leursdis pays ct subgetz, telle provision que possible vous fera et le cas le requiert. Quant aux gens de guerre de devant Monfort, nous vous advertissons que, de ceste hucre, grant pariye d'iceulx sont licenciez par ceulx de Hollande, et en amenra une quantité Mess”. Hans de Zeckendorff ou pays de Brabant, desquelz on a pourra ayder qui les vouldra avoir ct entretenir. Très chier et grant amy et très chiers et bons amys, nostre Seigneur soit garde de vous. Escript à Schoenhove, le premier jour de
Septembre l'an IIE* dix. Signé : Barry.
Cette réponse fut communiquée par Carondelet à le Fèvre et par celui-ci aux partisans de Maximilien, qui en furent profondément affectés. Sans doute ils avaient cru pouvoir espérer des satisfactions qu'une interven- tion du duc de Saxe rendait probables; ct l'on sait
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en quoi consistaient à cette époque les satisfactions qu'exigeaient les princes.
Cependant, par une manœuvre de le Fèvre, le bruit de l'arrivée du duc Albert se répandit dans la ville et y sema la consternation. Nassau et ses hommes étaient à Damme, la nouvelle troupe venant de Courtrai allait placer Bruges entre deux armées et rendre l'assaut inévitable. Cette perspective bien plus que les horreurs de la famine toujours croissante, décida enfin les Brugeois à entrer en pourparlers avec les Allemands. A cet effet ils firent demander à Nassau un sauf-conduit pour leurs députés : Doe quam in de stede van Brugghe, ter Cool- kercksche poorte in, een boode huuter stede van den Damme, ende quam van den grave van Nassauwe, ende quam als heeraud, met eenen wapenroc an ende brochte vry gheleede ende saveconduyt an de stede van Brug- ghe, dat men zoude zenden wyze, nottable, ende man- nen van discrecye an hem te Damme.
La députation partit le lendemain, 44 novembre 1490.
Énize VANDEN Busscue. (À continuer.)
5 Bibliothèque royale. Het bouck van al datter gheschiedt is binnen Brugghe sichtent jaer 1477, 14 februarii tot 1499. Cette chronique a été imprimée par les soins des Bibliophiles flamands, 3e série No 2.
NOTICE HISTORIQUE
SUR
LES SEIGNEURS D'INGELMUNSTER
PRÉLIMINAIRES
Nous devons de nouveau laisser la parole aux éty- mologistes : |
« Ingelmunster s'appela d'abord Hulsthout, dit M. Vande Putte'. Hulsthout signifie bois de houx et, en effet, cet arbuste n'est pas rare dans toute cette contrée. » À l'appui de son opinion il cite, d'abord, le village de Hulste, à une lieue au midi d'Ingelmunster, qui a encore conservé le nom de cette ancienne forêt qui s'étendait de Courtrai à ce dernier village; ensuite, les bois dits Hout-hulst-bosch et Hulst-loo-bosch, dénominations qui signifient bois de houx, et enfin, La Houssaie près de Paris, endroit qui, au dire de Valesius, est ainsi nommé à cause de la grande quantité de houx qu'on y trouve.
« La tradition la plus commune, continue M. Vande
! Histoire de la Baronnie d’Ingelmunster. Bruges 1840. Brochure in-8°.
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Putte, nous apprend que des missionnaires anglais se construisirent près de ce bois une résidence qui, de là, prit le nom d'Anglomonasterium, monastère anglais, en Flamand Engelmunster et Ingelmunster, et cette maison devait exister déjà en 640, alors que saint Amand alla visiter ces dits missionnaires. »
Nous n'avons jamais rencontré Anglomonasterium ail- leurs que dans Gramaye, mais en vérité nous avons lu fort souvent Englemoustier. C'est tout un, du moins quant à la désinence, car moustier, en langue romane, veut dire église, couvent, monastère; mais si dans la même langue Engles veut dire Anglais, angle, anglet et même engle, signifient avant tout ange. Nous savons, du reste, qu'il existe près du Quesnoy, sur la route de Marle à Valenciennes, un village nommé Englefontaine et qui s'appelait naguères Englie-Fontaine, Engliefontaines et même Anglefontaine, mais dont personne n'attribue l'origine aux Anglais.
Près de Mayence, l'ancien palais des rois Francs s'appelait Ingelheim, Ingelneheim, Ingilenheim, Ingileheim, Ingilinheym et même Ingolneim. Dans le Limbourg belge on trouve Engelmanshoven.
Dans le comté de Hohenlohe :1l y a encore Ingelfingen, et en Moravie on connaît Engelsberg, petite ville du duché de Troppauw.
Ingel doit donc plutôt faire supposer un nom propre d'homme ou de femme, d'autant plus que les noms commençant par Ingel ou Engel, n'étaient pas rares au
3? En roman, engle veut dire encore angle, coin.
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moyen-àge : Ingelram, Ingelware, Ingelbald, Ingelburge, Ingeltrude, Engelberge, Engelbert, Engelhard, Engelswinde, Engelwara, Engila, etc. Plus loin, on trouvera Ingelzuent.
M. Vande Putte étaie son opinion d'une assertion d'Iperius, invoquée par Gramaye’, qui dit que des missionnaires anglais construisirent une église et un monastère près de la Mandel. En admettant que cela soit exact, quand on pense que la Mandel coule depuis Passchendaele jusqu'à Wacken, qu'est-ce qui prouve que ce monastère fût construit dans l'endroit où se trouve Ingelmunster plutôt que dans un autre, à Roulers, par exemple ? |
Bref, la traduction d'Ingelmunster par Maison ou Monastère des Anglais, nous semble encore une de ces facéties que les étymologistes ne se permettent que trop souvent.
Nous ne sommes pas seul de cet avis. M. J.-J. De Smet‘ partage complètement notre manière de voir. Voici ce quil pense au sujet de l'étymologie du nom dont il s'agit: « Ingelmunster, qui s’écrivait autrefois aussi Inghelmonstre ou Inghelmoutier, tient sans aucun doute son nom d'un couvent ou munster: mais faut-il, avec Gramaye, appeler cette maison Anglomonasterium,
8 Prima Religionis nostre fundamenta per Scotos, Anglosque in oppo- situm sibr liltus prœdicationis yratià delatos, jacta, in confesso est, ab üsque intra Manderæ et Deveræ decursum extructam Ecclesiam, juxtimque Monasterium, sub clericali disciplina tradit Iperius, juxta quod Monaste- rium B. Amandus Episcopus (teste Placentino) mortuum aquis absorptum ad vitam revocarit.
# Etymologie des noms de villes et communes des deux Flandres.
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et croire avec d'autres que saint Amand y rendit visite aux missionnaires anglais ? Nous pensons que sur l’un el l'autre point, le doute est très-permis. Il ne paraît pas que des missionnaires anglais soient venus en Flandre avant saint Liévin, qui était Irlandais, et qui ne vint à Gand que vers 650 : la chose est même peu vraisem- blable. Saint Augustin de Cantorbery ne parut à la cour du roi de Kent qu’en. 597; peut-on admettre facilement que quarante ans plus tard les sept royaumes de l’île étaient chrétiens et en état d'envoyer des apôtres en Pays étranger ? Ensuite, le mot anglais ou engelsch était-il usité à cette époque? Ces insulaires se nommèrent, bien longtemps encore après, Anglo-Saxons ou même Simplement Saxons. Comme le nom de ce beau village s'est presque invariablement écrit Ingelmunster, nous Sommes fort tenté d'y chercher le monastère d'Ingel ou d'Englemond. »
Le plus ancien acte connu où il s’agit d’Ingelmunster, est à donation du patronat de l'église de cette localité, faite en 4465, par Gérard, évêque de Tournai, au profit des chanoines d'Harlebeke. On trouve cet acte dans Miræus’, mais il en existe aux archives du dépar- lement du Nord, une copie authentique sur papier, dont le texte diffère de celui donné par les Opera diplomatica. On remarquera qu'il n’y est pas dit un mot d'un mo- nastère quelconque :
In Nomine sancte et individue Trinitatis, Patris el Filii et Spiritus sancti, amen. Ego Gerardus, Dei gratia
Opera diplomatica. Tom. n, page 971.
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Tornacensium Episcopus, tam futuris, quam presentibus in perpeluum.
Cura et sollicitudo pastoralis ad hoc est Domino provi- dente nobis commissa, ut omnibus et presertim ecclesiasticis viris et locis divino cultui mancipatis utiliter intendamus, et pro facultate rerum nostrarum eleëmosinas non solum largiri studeamus, verum eliam misericordie et pietatis intuitu collata ab aliis, ne pravorum hominum incursu perturbentur sive auferantur, providere fatagamus.
Ea propter, fili in Domino dilecte Roberte, Harle- beccensis ecclesie venerabilis preposite, veslris el canoni- corum vestrorum juslis petitionibus acquiescens, allare de Molenbecca et altare de Ingelmonstra et altare de Morcella, ob remedium anime mee el predecessorum meorum sancte Tornacensis ecclesie pontificum (hac pactione interposila, quod tertia pars preposilo cederet, due vero relique partes ad communem omnium canonicorum usum distribuantur) vobis in perpetuum canonice possidendum contradidimus.
Nihilominus etiam altare de Colescamp vobis et suc- cessoribus vestris perpetue tenendum canonice dedimus, hoc similiter interveniente pacto, quod ex arbitrio prepositi et ipsius capituli consilio, sacerdos in custodem ecclesie eligatur, et quidquid de predicto altari de Colescamp provenerit, ad usum îipsius certissime assignabitur. Cuius erit officium res ecclesie fideliter custodire, et in eadem ecclesia omni tempore anni de nocte dormire.
Ne quis vero hoc beneficium de Colescamp ad alios usus relorquere presumat, episcopali auctoritate, et sub anathematis interminatione prohibemus.
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Huius nostre confirmationis donum, ut firmum et in- convulsum permaneal, sigilli nostri impressione confirma- vimus, et eorum qui interfuerunt assertione subnotata corroboravimus.
S. Geraldi, episcopi, — S. Walteri, decani, — S. Everardi et Desiderii, archidiaconorum, — S. Libberti, prepositi, — S. Libberti, cantoris.
S. Symonis, Almolrici, Reneri, Herbrandi, Wiberti, Lamberti, Thome, Walteri, Oliveri et Henrici, presby- lerorum.
S. Henrici, Theodorici, Danihelis, Walteri, Absalonis, Symonis, Gilleberti, Wenemari et Joannis, canonicorum.
S. Everardi, Curtracensis decani. — S. Rolini, per- sone de Warenghem. — $S. Arnulfi, persone de Ingoü- deghem. — S. Helbodonis, persone de Rosebecca.
Actum Tornaci, anno M°. C°. LXVe.
Nous disions tantôt que l'acte qui précède est le plus ancien connu qui parle d'Ingelmunster; cependant, il en est un autre d'une date plus reculée de 66 ans, mais qui nintéresse pas directement la localité qui nous occupe. Toutefois il peut nous servir à constater l'existence certaine d'Ingelmunster à une époque plus éloignée que celle qu'indiquent nos historiens. C’est un engagement de 1099, par lequel une mère de famille, nommée Ingelzuent, de condition libre, se constitue tri- butaire de l'autel de Saint-Pierre au Mont Blandin*‘.
Fidèle à un système que nous avons toujours suivi jusqu'ici et qui consiste à prendre pour base de nos
6 Voir aux annexes. Litt. A.
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notices les pièces authentiques qui nous ont été con- servées, à l'exclusion de toutes autres, nous ne voulons pas faire remonter au-delà du XIII siècle les détails que nous avons à donner sur Ingelmunster et ses seigneurs. Cependant, à titre de renseignement, et sous certaines réserves, nous résumerons en quelques lignes ce qui a été écrit par un auteur” déjà cité, sur les temps antérieurs à cette époque.
« La mort de Charlemagne fut comme le signal de la dévastation de toute la Belgique par les Nor- mands; rien ne fut épargné, les villes, les villages, les monastères surtout, qui contenaient des objets pré- cieux, furent pillés ct ravagés de fond en comble. Ingelmunster subit ce sort malheureux jusqu'à trois fois. L'hiver rigoureux de 880 força ces brigands à hiverner à Courtrai, d'où ils firent des excursions dans les campagnes voisines. (lls incendièrent à Ingel- munster la maison des missionnaires anglais, qui se sauvèrent par la fuite, laissant leurs biens à la dis- position de l'Évêque de Tournai.)
« Charlemagne avait mis Ingelmunster sous la pro- tection du Forestier ou comte de Flandre, et je crois que de là est provenue l’avouerie de ce village, qui était dévolue au comte de Flandre.
« Robert-le-Frison, comte de Flandre, fit construire un château fort dans son avoucrie, lors de la guerre qu'il eut à soutenir contre Richilde, comtesse de Hainaut,
7 Voir note {.
8 GOETHALS, Jaerbocken van Kortryk, première partie, page 101.
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femme hautaine et pleine d'audace, qui ne craignait pas de porter le ravage dans les possessions de son ennemi. Voila l'origine du premier château d’Ingel- munster, qui devint une résidence ou plutôt un refuge de nos comtes.
« Après la mort du Frison, le château et la terre d'Ingelmunster firent partie des fiefs des enfants des comtes de Flandre. Robert de Cassel, fils d'un de ces comtes, posséda ce fief du vivant de son père, et il paraît, par plusieurs diplômes postérieurs à l'année 4210 et confirmés par les seigneurs de Termonde et de Bethune, que ceux-ci avaient hérité par leurs allian- ces avec les enfants de nos comtes, des fiefs d'Ingel- munster, dont le château a relevé depuis lors de celui de Termonde ?.
« Je n'ai rien trouvé concernant les seigneurs d'In- gelmunster, jusques vers la fin du XII siècle, lorsque cette terre était devenue la propriété de familles de Rhodes, mais je n'ai pu découvrir à quel titre.
« Le Carpentier dans son histoire de Cambrai ”, cite comme témoin d'un acte public un certain Baudouin d'Ingelmoustier, chevalier (miles), sans dire à quelle famille il appartient. Cette pièce porte la date de 1270. On conserve dans les archives de l'église d'Ingelmunster un catalogue de fondations, dans lequel il est fait men- üon de l'anniversaire de ce Baudouin, qui se faisait le troisième dimanche du carême, et pour lequel on payait
* GRAMAYE, Antiq. Fland. 10 Arch. abb. S. Aub. Cameraci.
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dix sols et un liard, dont deux liards pour le curé. »
Il n'y a pas moyen de contrôler l'exactitude de ces renseignements, à cause de l'absence de documents authentiques. Tout en croyant la plupart vrais au fond, nous ne pouvons nous empêcher de dire cependant que les derniers détails sur la filiation des seigneurs, tournent un peu à l'imbroglio. On en jugera par ce qui va suivre.
LES SEIGNEURS
Il est incontestable que la famille de Rhodes posséda Ingelmunster jusqu'au commencement du XIV° siècle, car nous trouvons plusieurs chartes où figurent, soit en qualité de témoins, soit autrement, des membres de cette famille. Mais il est non moins certain quen 1320, Ingelmunster (avec Deynze, Nieuport, etc.) faisait partie de l'apanage que Robert de Cassel reçut de son père Robert de Béthune, comme il conste par le dossier de partage conservé aux archives du département du Nord à Lille". 11 est également positif qu'en 1355, la seigneurie d’Ingelmunster appartenait à la famille de Ghistelles, alliée à celle de Rhodes.
Ces différentes mutations s'expliquent facilement comme on va le voir. |
Jeax De Raovrs, né en 1268, est le premier person- nage connu qui prit le titre de sire d'Ingelmunster. Il était fils de Gérard de Rhodes et d'Isabelle de Harnes. Jean de Rhodes devint seigneur de ladite terre d'Ingel-
11 Chambre des comptes. Reg. B. 481.
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munster, après la mort de son père qui arriva en 1289 et, pendant une période de près de vingt ans il figure à ce titre comme témoin dans divers actes”. Il avait épousé en deuxièmes noces", vers 1298, Agnès d’Ayshove dont 1l n'eut pas d'enfants, ce qui fait qu'après son décès, en 1309, ses biens passèrent à son frère.
Wiccaume (ou Guillaume) pe Ruones, fils de Gérard et frère de Jean qui précède, était né en 1280. Il sc maria en 4318 à Engile ou Angèle d'Ayshove, sœur d'Agnès qui précède. Willaume vint à mourir en 1319 d'un accident de chasse, laissant de sa femme Angèle une fille nommée Isabelle qui suivra plus loin, et une autre, Claire, qui épousa un sire de Chastellux *.
À la mort de ce scigneur, Ingelmunster fit retour aux domaines du comte de Flandre; l'acte cité ci- après le prouve, mais nous ne savons pour quelle cause ni de quelle façon ce retour fut fait. Quoi quil en soit, comme nous ne le disions tantôt, Robert de Cassel reçut cette seigneurie en apanage de son père Robert de Béthune en 1320. Robert de Cassel mourut en 1331 et la terre d'Ingelmunster passa à Yolande, sa fille, mariée à Henri IV, comte de Bar“; puis en 434% à Edouard, fils de ce dernier.
Edouard, comte de Bar, mourut sans laisser d'enfants,
12 GAINT-GENOIS. Monuments anciens, pp. 336, 787 et 882, et DIERICX, Mémoires sur la ville de Gand. T. 1, p. 570.
# Annexe litt. B.
W Voir plus loin, article « Variétés ».
#5 Mort à Paris en 1344.
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LL. 2. 4
en 1352. Son frère Robert, premier duc de Bar, lui succéda. En 1395 ce prince revendit ou retrocéda la seigneurie d'Ingelmunster à Isabelle de Rhodes, fille de Guillaume, à l’occasion de son mariage avec Jean de Ghistelles.
Cette rétrocession est rappelée dans un acte de 1380 qui fait également mention de la mutation opérée vers 1319.
L'acte dont il s'agit est un relevé des terres, rentes, etc., apportées en dot par Isabelle de Ghistelles à son époux Robert de Béthune, vicomte de Meaux". On y lit ce passage : « Aprez : Les terre et seignoury d'Engle- moustier, aussy au païs de Flandres, avecque leurs ap- partenances et deppendances que naguaires estoit de _ ceux de Rodes et que trez vaillant et puyssant prinche Robrecht de Bethune, conte de Flandres, reprinst l'an M.CCC.XIX, d'iceux, aprez le trespas de Willame, seigneur de Rodes, d'Englemoustier, etc. Comme plus apert par lettres données l'an M.CCC.LV, par monseigneur Robrecht, duc de Bar, at Dame Isabeau de Rodes, ayeule de trez noble Dame Isabeau de Ghystele, au tems quant icelle Isabeau (de Rhodes) fust adherité de la dicte terre d'Englemoustier par le dict seigneur de Bar. La dicte terre et seignoury d'Englemoustier contenanz, etc. »
ÉMiLE VANDEN BUSSCHE. (À continuer.)
16 Archives de l'État, à Bruges. Grefles scabinaux. Ingelmunster. Copie faite en 1511.
SIMON STEVIN
RECTIFICATION HISTORIQUE
Il ne s'agit pas ici d'une biographie entièrement nou- velle du grand homme dont notre pays est fier à juste titre et dont la statue se voit sur une des places publiques de la ville de Bruges, car il ne peut entrer dans nos intentions ni de discuter la réputation de Stevin, comme philosophe, mathématicien, ingénieur, hydro- graphe, castramétateur, etc., ni d'exposer à nouveau l'influence que ce puissant génie exerça sur les hommes et les choses de son siècle; ce serait nous imposer une tâche de beaucoup au-dessus de nos forces.
Que viendrions-nous dire, du reste, après Coomans, Aikin, Bayle, Barré, Chalmers, Brougham, Delepierre, Voorduin, Courtin, Delvenne, Feller, Goethals, Quetelet, Foppens, Moreri, Swcertius, Rees, Vande Cappelle, Weiss, Van Duyse, et tant d'autres — sans oublier le sarcastique mais profond Dufan — qui tous, soit observé en passant, se sont copiés les uns les autres.
1 Simon Stevin et M. Dumortier. Lettres à MM. les membres de l'Aca-
démie des Sciences, etc. par Dufan (Vande Wever). Nieuport, 1845. 1 vol. in-32. P.-J. Laude. Catal. Bibl. Brugens. No 4200.
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Mais, si tout a été dit au sujet de savoir de Simon Stevin, de ses inventions ct des progrès scientifiques quil sût réaliser, il n’en est pas de même en ce qui concerne certaines particularités de son existence comme homme privé, comme citoyen. Jusqu'ici on n'est point parvenu à fixer d'une manière irréfragable : 4° le lieu et la date de sa naissance; 2 l’année et le lieu de sa mort; 3° quel était son état de famille; 4 sil embrassa ou n’embrassa point la Réforme.
Pour s'en convaincre, l'on n'a qu'à consulter la der- nière biographie de Simon Stevin; la dernière, c'est- à-dire celle qui, à tous égards, doit être la plus complète, grâce aux emprunts faits à la plupart des auteurs dont les noms précèdent. Lisons :
« Simon Stevin naquit à Bruges en 1548 : c'est ce qu'on lisait sur son portrait, de grandeur naturelle, que Ph. Vander Aa possédait et qui existe probablement encore en Hollande. On ne connait rien de précis sur son origine; toutefois il est probable qu'il appartenait à la famille Stevin qui résidait à Bruges depuis le commencement du XV° siècle.
« Les renseignements sur les premières années de
Et plus loin :
« Cependant cet homme, qui s'était élevé si haut par son génie, qui avait fixé si fort sur lui l'atten- tion de la Hollande, aux plus beaux jours de sa splen- deur, cet homme descendit obscurément au tombeau; les deux bouts de sa brillante carrière sont également
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restés dans l'ombre. On sait seulement qu'il mourut en 1620, et qu'il laissa une veuve avec deux enfants en bas âge. Le lieu même où il mourut n'est pas mieux connu que la date précise de sa naissance. Il a passé comme ces brillants météores qui, pendant les nuits,
sillonnent la voûte des cieux... »
Encore :
« Les auteurs qui ont écrit sur Simon Stevin, croient généralement qu'il avait adopté la réforme... Cepen-
dant l'opinion contraire ne manque pas de probabilité : elle paraît même plus accréditée; voici comment le docteur Steichen s'exprime, relativement à cette ques- tion, dans son Mémoire sur la vie et les travaux de Simon Stevin. « J'ai partout cherché, dit-il, les preuves « de cette prétendue abjuration. On n'avait que des « conjectures à mopposer; mais il y avait absence com- plète de preuves solides. C'est ainsi que j'ai été amené, non pas à nier mais à révoquer la chose en doute. Or, les journaux de Bruges, et après eux l'Indépendance de Bruxelles, sont venus nous faire connaître qu'un an avant sa mort, Stevin a fait une fondation de je ne sais combien de messes, à l’église du village de Westkerke, dans les Flandres, ce qui confirme les doutes que j'avais exprimés, et nous four- nit la preuve qu'il n'y a jamais eu d'abjuration*?. »
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? Biographie des hommes remarquables de la Flandre Occidentale. Tome 1v, pp. 207, 209 et 235. — Cette biographie commence ainsi :
Lis forcé donc d’improviser une notice de cette importance, nous ous sommes trouvés dans l’obligation d'emprunter aux biographes de notre Savant compatriote, la plus grande partie de la notice que nous publions ici.
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Comme on voit, tout ce qui précède emprunte la forme dubitative; l'opinion de l'auteur ou des auteurs n’est fixée d'aucune façon.
Nous n'osons pas promettre de changer tout cela, ni de parler avec plus de certitude, mais au moins, nous croyons que les résultats de nos recherches vien- dront jeter quelques rayons de lumière sur certains détails de la vie de Stevin.
Voyons d'abord ce qu'il y a de vrai dans l'histoire de ces messes, histoire qui, il y a quelques dizaines d'années, mit en émoi tous les savants du pays.
Un journal brugcois* du 24 juillet 1846, contient un article intitulé : Simon Stevin a-t-il embrassé le pro- testantisme ? et dont la conclusion était ceci :
« Non, Simon Stevin n'a jamais abjuré la religion de ses pères !
__« La preuve, que nous donnerons, sera courte et décisive.
« Au village de Westkerke près de Ghistelles, Simon Stevin a fait faire en 1619, une année avant sa mort, une fondation de 84 messes, à dire annuellement pour le repos de son âme. Cette fondation a été garantie sur des biens appartenant au savant et qui font partie aujourd'hui des propriétés de l'église, de sorte que la fondation est encore servie actuellement. »
« Mais nous croyons devoir prévenir nos lecteurs que nous avons eu à
peine le temps nécessaire pour coudre ensemble les parties que nous avons empruntées à MM. Quetelet, Goethals, etc, »
8 L'Impartial No 173.
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Le numéro du lendemain donne ceci :
« Afin d'obtenir le plus de renseignements possibles sur la fondation faite à Westkerke pour le repos de l'âme de Simon Stevin, nous nous sommes rendus ce matin aux archives du gouvernement provincial. Ayant fait conjointement avec un employé des archives, des recherches dans les comptes de l’église de Westkerke, nous avons trouvé aux années 1622-1623-1624, la pre- mière mention du service et des messes à célébrer :
« À l'année 1680, 1l est porté aux dépenses de l’église : Betaeld voor het doen van den dienst en missen van Simoen Steven gedurende twee maenden, twee ponden grooten ..……. schel.;: — Betaeld voor het doen van den dienst en missen van Simoen Steven gedurende dry maenden, vier ponden en vs schel.; — Nog betaeld voor het doen van den dienst en missen van Simoen Steven gedurende twee maenden, twee ponden ...… schel.
« Nous n'avons pas cru nécessaire d'étendre nos recherches plus loin, assuré, que nous étions, que non seulement la fondation a consisté en messes, mais même dans la célébration d’un service. »
Comment ces extraits écourtés, incomplets et inex- acts aux premiers chefs, purent-ils satisfaire des hommes sérieux ? |
N'est-il pas profondément regrettable que cette fausse nouvelle ait fait dans les temps le tour de la presse belge; que des savants s’en soient emparés comme d'une vérité et en aient fait la base d’une argumentation tendant
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à prouver «a priori, que Simon Stevin resta fidèle à la fot catholique ?
Nous allons reproduire exactement ce qu'un examen minutieux des comptes de l'église de Westkerke et d’au- tres documents nous a révélé concernant cet fondation.
COMPTES DE L'ÉGLISE DE WESTKERKE &. Compte de l’année 1618.
Rekeninghe bewys ende relycqua die welcke doet by desen Joos de Costere, als kerckmeestere van de kercke van Westhercke, van alle den ontfancq ende uutgheven by hem gedaen, ende dat van den jaere AG18; ende es also hier naer volcht.
FOLIO 6.
Aengaende de landen toebehoorende den dienst van Symon Stevens, jn Westkercke, en zyn hier niet ge- stelt, duer dien dat zy ontfaen werden by den pastoor.
Ceci aurait dû prouver de suite au chercheur que, contrairement aux assertions de presque tous les bio- graphes, Simon Stevin ne pouvait être mort en 1620, et partant, que de ce côté ou de l'autre il devait y avoir erreur.
Comptes des années 1622-1623-1624-1625.
Dit naervolghende zyn alle de renten toebehoorende de kercke van Westkercke, de welcke tot noch toe niet $ Pour ceux de nos lecteurs peu familiarisés avec la topographie de Ja
Flandre Occidentale, disons que Westkerke est actuellement une commune du canton de Ghistelles à 2 licues 4/, de Bruges
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en 2zyn vermaeckt, noch ontfanghen...… alleenelyck alhier uilgetrocken voor memorie.
FOLIOS 57.
Den dienst van Symoen Stevens, in Westkercke.…
X. d. p. Et ainsi de suite jusqu'en 1792.
Nous pouvons nous arrêter ici et affirmer avant tout qu'il ne s’agit pas de notre Simon Stevin dans ces comptes.
Cette fondation existait déjà depuis longtemps en 1474, alors qu'un procès surgit devant le Conseil de Flandre entre l'abbé d'Oudenbourg, demandeur d’une part, et les marguilliers de l'église de Westkerke, défendeurs d'autre part, au sujet d'une rente hypothéquée sur une ferme à Eerneghem, rente qui devait assurer la per- pétuité de la dite fondation. ‘
Le Symoen Stevens dont parlent ces documents, était un particulier d'Eerneghem, qui fut tué en 1434 par un nommé Hellin Van Steeland. De là les messes fondées par ce dernier, en expiation de ce meurtre. Plusieurs pièces du dit procès existent aux archives de l'État à Bruges et ne laissent aucun doute à cet égard.
Au dos d’une de ces pièces de 1474, on lit: Zes pondt ‘tjaers om messe van requiem te doene binnen de kercke van Westkercke, over de doot van Simoen
8 Cette ferme, dite d’abord « ‘{ Goed ter belle », fut appelée plus tard
« Ingelburch ». En 1469, alors qu'elle élait déjà chargée de celte rente, elle fut achetée par les religieux d'Oudenbourg.
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Stevin, verslaeghen t'Eerneghem. Bezet op het pacht- goct aldaer. »
Cest donc fort mal à propos que l’on est venu s'appuyer sur ces affirmations inexactes pour assurer que Simon Stevin nembrassa point la Réforme. La question reste entière, et celle-là du moins, ne sera point tranchée de sitôt.
Quant au portrait authentique de Stevin, nous avons voulu savoir au juste où il se trouve. À cet effet, nous avons écrit au savant docteur du Rieu, conservateur de la bibliothèque de l'université de Leyde. Voici sa
réponse : Leiden, 23 Maart 1809.
Zeer geachte ambtgenoot,
Het portret van Simon Stevin, dat op de bibliotheek der Hoogeschool berust, is niet ten voete uit, wel dat van zijn leerling Prins Maurits, vermoedelijk zijn toch beide gelijktijdig vervaardigd, en wel toen Maurits hier studcerde, want hij is zeer jeudig : op die wijze laat zich tevens verklaren hoe of de bibliotheek komt aan het portret van ‘s Prinsen leermeester, die overigens niet in betrekking stond tot de Hoogeschool.
Het portret van den schranderen Bruggcnaar is als medaillon-buste geschilderd 33 op 40 duim, en daarom is een decoratieve list van 15 duim geschilderd, als ware het een grauwtje, of liever als ware het in de vorige eeuw gedaan, want het past niet best in Stevins tijd.
Het portret is uitgegeven als gravure van 3 op 4 duim
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door J.-P. Van Cappelle : Bijdragen tot de geschiedenis der wetenschappen en letteren in Nederland. Amst. 1821. In welken bundel zijn leven is beschreven, en die een of andere boekerij van Brugge zeker bezit, al was ‘t alleen om Stevins leven.
In geval U voor het Archief een photographie ver- langt van dit portret, zal ik zorgen dat onze beste photograaph U daaraan helpe.
Met hoogachting naam ik mij,
Uw. dienstw. dien., (Get.) Dr. W.-N. ou Riu,
Conservator der handsch. van de bibliotheek